Pharmacologie des dystrophies musculaires
L’équipe s’intéresse à l’utilisation des cellules souches pluripotentes pour comprendre et traiter les maladies génétiques rares. Nous nous concentrons principalement sur le développement d’approches de repositionnement de médicaments. Nos travaux se divisent en trois axes : la modélisation pathologique, le criblage pharmacologique à haut débit et le développement d’approches innovantes basé sur l’intelligence artificielle.
Rationnel :
L’un des principaux avantages des cellules souches pluripotentes est de permettre la génération d’un nombre potentiellement illimité de types cellulaires compatibles avec des applications pharmacologiques. Bien que ciblant différentes maladies (HGPS, LGMD et GSD III), notre équipe développe une démarche expérimentale commune:
- Identifier de nouveaux mécanismes moléculaires et biomarqueurs
- Développer des approches de repositionnement de médicaments ciblant des phénotypes pathologiques.
- Développer des approches pharmacologiques ciblant l’homéostasie des protéines.
- Identifier des candidats médicaments par criblage à haut débit.
Hutchinson Gilford progeria syndrome (HGPS): |
Limb Girdle Muscular Dystrophies (LGMDs): |
Glycogen storage diseases (GSD): |
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Nos recherches ont pour but de développer des approches pharmacologiques innovantes pour le traitement de la HGPS, une maladie congénitale rare caractérisée par un vieillissement accéléré (voir Lo Cicero et al, Ageing Res Rev. 2015, Guilbert SM et al, Methods 2021). En 2010, en collaboration avec le Dr Nicolas Lévy, l’équipe d’I-Stem a été pionnière dans la génération de plusieurs lignées de cellules iPS portant la mutation C1804T du gène LMNA à l’origine de cette maladie. De 2010 à 2018, notre groupe a démontré avec succès qu’il était possible d’utiliser les dérivés de cellules iPS pour reproduire les caractéristiques clés du vieillissement prématuré dans les tissus osseux (Blondel S 2014 Stem Cells Transl Med. 2014 : Lo Cicero A, Sci Rep 2016 Retinoic), la peau (Lo Cicero et al Sci Rep 2018) et les tissus vasculaires (Ribas J et al Small 2017 ; Pitrez PR et al ACS Biomater Sci Eng. 2018). Nous avons également identifié de nouveaux mécanismes moléculaires de la HGPS, comme le rôle de miR-9 dans la régulation de l’expression de la progerine dans les neurones (Nissan X et al., Cell Reports, 2012). Au cours de cette période, nous avons également identifié plusieurs nouveaux candidats médicaments, modulant l’épissage alternatif de LMNA par la metformine (Egesipe AL, NPJ Aging Mech Dis. 2016) et du MG132 (Harhouri K, et al EMBO Mol Med. 2017) ou par criblage à haut débit. L’identification de mono-aminopyrimidines (Blondel S et al Cell Death Dis 2016) ou de rétinoïdes (Lo Cicero A, et al Sci Rep 2016) en témoignent. Depuis 2018, nous collaborons avec les équipes de Nicolas Lévy, Antoine Muchir, Claudia Cavadas et Lino Ferreira pour étudier le vieillissement vasculaire (Ribas J, et al, Small 2017 ; Estronca L et al, ACS Biomater Sci Eng. 2018), identifier de nouvelles options thérapeutiques les régulateurs de la MMP13 (Pitrez PR et al, Nat Commun. 2020) ou le métabolisme du NAD (Cardoso et al, soumis). Plus récemment, nous avons lancé une approche innovante basée sur l’IA visant la progérine avec l’utilisation de PROTAC en collaboration avec la société belge Kantify. |
En septembre 2015, en collaboration avec le groupe d’Isabelle Richard à Généthon, nous avons étendu notre recherche sur les dystrophies musculaires des ceintures (LGMDs). Les LGMDs font partie du groupe plus large des dystrophies musculaires progressives et sont principalement caractérisées par l’altération des muscles des hanches et des épaules, des niveaux élevés de créatine kinase (CK) et une dégénérescence musculaire avec une fibrose et une inflammation exacerbées. À ce jour, le groupe des LGMDs comprend des pathologies avec des mutations dans 33 gènes différents, affectant principalement les composants structurels ou secondaires de la fibre musculaire. Bien que des approches de thérapie génique et de saut d’exon soient en cours d’étude pour certaines d’entre elles, il n’existe actuellement pas de traitement pour les LGMDs. Dans notre équipe, nous nous intéressons à l’utilisation de myoblastes dérivés de cellules souches pluripotentes induites (iPS) et d’autres modèles cellulaires pour identifier des traitements pharmacologiques pour plusieurs LGMDs grâce à un criblage à haut débit ou à un repositionnement de médicaments. Parmi le large spectre des LGMDs, nous avons un intérêt particulier pour les LGMDs R3 (alpha-sarcoglycane), LGMDs R5 (gamma-sarcoglycane), LGMDs R2 (Dysferline) et LGMDs R9 (FKRP). Récemment, les travaux de l’équipe pour le programme LGMDs R3 ont mis en lumière la possibilité de repositionner le Givinostat pour traiter la maladie (Hoch et al. 2019 Scientific Reports ; Hoch et al. 2022 Frontiers in Pharmacology). |
Les Glycogénoses (GSDs) sont des maladies autosomiques récessives rares causées par des mutations dans les gènes codant pour des enzymes individuelles de la voie du métabolisme du glycogène. Parmi elles, la glycogénose de type III (GSDIII ; incidence : 1/100 000) est causée par des mutations du gène AGL codant pour l’enzyme débranchante du glycogène (GDE) et entraîne l’accumulation de glycogène cytosolique dans l’ensemble de l’organisme. Bien que la GDE soit exprimée dans tous les tissus, les manifestations cliniques de la maladie sont principalement dues à son absence dans le foie et les muscles. Pendant l’enfance, la maladie est principalement métabolique, avec une hépatomégalie et une hypoglycémie sévère à jeun. À l’âge adulte, la maladie métabolique devient moins importante et une faiblesse musculaire généralisée apparaît. À ce jour, il n’existe aucun traitement pour le GSDIII. Les patients suivent un régime alimentaire strict pour éviter les hypoglycémies récurrentes. Démarré en 2020 en collaboration avec le groupe de Giuseppe Ronzitti à Généthon, ce programme a récemment été récompensé par une ANR JCJC, une subvention de la Fondation Maladies Rares et le soutien de l’Association Francophone des Glycogénoses. Mené par Lucile Hoch, ce programme vise à utiliser des cellules souches pluripotentes dérivées de patients pour comprendre les mécanismes moléculaires impliqués dans la physiopathologie musculaire de la maladie et identifier un traitement pharmacologique efficace pour éliminer l’accumulation de glycogène dans les muscles. |
DREAMS Consortium :
Le projet DREAMS est un consortium européen monté dans le cadre d’un Appel d’offre H2020 dont l’objectif est de repositionner des médicaments pour des dystrophies musculaires par l’utilisation croisée des cellules souches pluripotentes et de l’intelligence artificielle. Coordonné par Xavier NISSAN ce consortium est composé de 9 partenaires.
1 – Xavier Nissan (CECS) Coordinateur
2 – Nik Subramanian, Segolene Martin (KANTIFY) co-coordinateur
3 – Lino Ferreira (CNC)
4 – Stephane Vassilopoulos et Antoine Muchir (Institut de myologie)
5 – Karim Whabi et Teresinha Evangelista (APHP)
6 – Shenhav Cohen (TECHNION)
7 – John Blackwood Peter Hamley (SAMSARA)
8 – Alexandre Mejat (AFM-Téléthon)
9 – ZABALA
Équipe
Xavier NISSAN
Chercheur, Resp. d’Equipe
Arrivé en 2005, Xavier développe des approches pharmacologiques pour le traitement de maladies génétiques. Son expertise est centrée sur la mise en place de modèles précliniques et le développement de criblages pharmacologiques.
Lucile HOCH
Chercheur associée
Lauréate d’une ANR JCJC, Lucile mène des recherches sur la GSDIII. Elle développe principalement des approches pharmacologiques visant à normaliser le contenu en glycogène de cellules musculaires.
Céline BRUGE
Chercheur associée
Depuis son arrivée à I-Stem en 2016, Céline s’intéresse aux dysferlinopathies. Ses recherches visent à identifier de nouveaux biomarqueurs et à identifier des agents pharmacologiques capables de les réguler.
Quentin Miagoux
Ingénieur de recherche en Bio-Informatique
Bio-informaticien de formation, Quentin s’intéresse à l’analyse de données « omics » et de criblage. Dans le cadre d’un partenariat avec Kantify, il cherche à utiliser l’IA pour identifier de nouvelles cibles thérapeutiques aux maladies génétiques. Quentin est titulaire d’un Doctorat – Sciences de la vie de de la Santé / BioInformatique.
Manon BENABIDES
Assistante de recherche
Manon travaille sur la pathologie LGMD R9. Elle recherche des traitements à cette maladie par des approches de modélisation et de criblage phénotypique. Elle occupe également la position de lab-manager de l’équipe. Manon est titulaire d’un Master Science du Vivant, Spécialité biotechnologie, génie cellulaire.
Emilie PELLIER
Assistante de recherche
Emilie travaille sur les conséquences physiopathologiques causées par l’absence de dysferline dans de la LGMD R2. Elle s’intéresse plus particulièrement à la capacité de réparation membranaire des cellules musculaires. Emilie est titulaire d’un Master – Bio-Santé / Biothérapies tissulaires, cellulaires et géniques (BTCG).
Lucille ROSSIAUD
Doctorante
En étroite collaboration avec l’équipe de Guiseppe Ronzitti (Généthon), Lucille modélise les atteintes musculaires et hépatiques de la GSDIII grâce aux cellules souches pluripotentes.
Noëlla GROSSI
Doctorante
Titulaire d’une bourse de thèse de l’Université Paris-Saclay sur fonds IDEX, Noëlla cherche à identifier les mécanismes de compensation pouvant expliquer la diversité d’atteintes observées chez des patients atteints de LGMD R2.
Océane Reiss
Assistante de recherche (CECS)
Titulaire d’un Master de Biotechnologies spécialisé en Génie Cellulaire, Océane travaille depuis octobre 2023 sur le développement d’études pharmacologiques à visée thérapeutique pour la Glycogénose de type III.
Benjamin Marande
Assistant de Recherche (CECS)
Collaborations
Publications
Ghrelin delays premature aging in Hutchinson-Gilford progeria syndrome.
19 octobre 2023
Aging cell
Generation of three induced pluripotent stem cell lines from patients with glycogen storage disease type III.
01 octobre 2023
Stem cell research
Pathological modeling of glycogen storage disease type III with CRISPR/Cas9 edited human pluripotent stem cells.
01 janvier 2023
Frontiers in cell and developmental biology